Depuis bientôt 3 ans c'était lui le bébé. Lui l'enfant unique. Notre premier. Celui qui nous a fait devenir parents. Celui avec qui nous avons appris. Tout appris. Les bonnes et les mauvaises choses. Zoulette a toujours été un enfant facile, dormeur, bon mangeur, mais un p'tit gars qui demande sans cesse de l'attention. Du réconfort. D'être rassuré. Qui n'aime pas décevoir. Qui n'aime pas qu'on ne l'aime pas. Qui veut tout faire bien. Bref un hyper sensible.
Quand nous avons appris la grossesse de Zébulon, nous avons tout de suite eu envie de le mettre dans la confidence. Histoire de partager un doux secret tous les trois. Nous lui avons beaucoup parlé. Comme nous faisons chaque fois. Nous l'avons préparé. Nous avons anticipé. Nous avons répondu à toutes ses questions. Et avec nous il a attendu avec amour l'arrivée de ce bébé.
Puis Zébulon est né. Les premiers jours nous les avons vécu en cocon familial. Et c'était super. Avec Zébulon nous sommes rentrés à la maison 12 heures après la naissance. Puis nous sommes restés chez nous, tous les quatre, sans voir personne, pendant 4 jours. La meilleure idée qu'on est eu pour profiter de cet évènement. Nous avons vécu au rythme du bébé, au rythme des enfants je devrais dire, en profitant de chaque seconde, et en se permettant de tendres moments familiaux. Zoulette a adoré pouvoir dormi (un peu) dans notre lit. Pouvoir diner dans le salon sur le canapé. A profité des repas qu'il préfère. Cette semaine a été douce et pleine d'amour. Un régal.
Oui mais voilà la vie a du reprendre doucement son cours. Zam au boulot. Zoulette à la crèche. Et la nouvelle routine familiale a du se trouver. Pas facile pendant quelques jours. Chacun était un peu perdu. Chacun cherchait sa place. La famille cherchait sa nouvelle organisation. Et on devait tous avancer malgré la fatigue s'accumulant. J'ai l'impression qu'on a marché les uns à côtés pendant quelques jours avant de reprendre notre souffle. C'est à ce moment là que j'ai observé mon bientôt 3 ans, si grand et si petit à la fois. Zoulette semblait fatigué. Perdu. A poser 1001 questions. Il restait très attentionné avec son petit frère, son bébé comme il l'appelle. Mais était devenu plus dur à notre égard. Testant chaque jour un peu plus nos limites. Regressant à souhait dès qu'il le pouvait. Refusant notre dialogue. Défiant nos règles. Zam s'énervait. Je perdais patience. Mais je voulais comprendre. J'étais attristée de voir mon fils ainsi se débattre avec ses émotions. Hyper sensible qu'il est. Mais pas facile de prendre le temps dans ce nouveau tourbillon. Notre grand bébé semblait nous échapper. Comme si nous le comprenions plus.
L'arrivée d'un nouveau né perturbe notre vie de parents. Elle est donc forcément destabilisante pour l'enfant qui voit se voit perdre sa place d'enfant unique. Je pensais l'avoir préparé. Mais c'est seulement devant le fait accompli que nous pouvons observer, analyser et solutionner. Ce n'est pas facile de voir son petit se battre avec des émotions qui le dépassent complètement. A tout juste 3 ans je voyais qu'il n'était pas bien dans ses baskets. Qu'il semblait nous tester mais en fait c'est sa place à lui qu'il cherchait.
J'ai décidé de prendre du temps pour "mon grand". Prendre le temps d'observer et de comprendre. Avec mon maitre mot : patience et discussion.
Ce matin Zoulette m'a piqué une crise de larme inexpliquée. Des larmes. Une envie de câlin. Une fatigue évidente malgré les 12 heures de nuit d'où il sortait. J'allais lui dire de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller le bébé, puis je me suis tus. Ce n'est pas juste pour lui de changer son rythme pour un bébé. Il a le droit aussi à toute notre attention et considération. Certes nos vies sont différentes maintenant que nous sommes quatre. Mais lui a le droit de garder un peu de son exclusivité. On a alors parlé. COmme on peut parler avec un 3 ans. J'ai répondu à ces questions sur le bébé. Je lui ai dis à quel point nous l'aimions fort. Et qu'il restait notre bébé aussi. Mais qu'il était plus grand que Zébulon. Son regard signifiait la complexité à trouver sa place. Il me dit souvent que le bébé a besoin de lui, qu'il doit le protéger. Alors je lui dis que l'on a tous besoin de lui comme il a besoin de nous. Qu'il ne doit pas protéger le bébé, que c'est nous Papa et Maman qui devont les protéger tous les deux. Je lui parle de sa place importante et unique dans notre famille. J'essaie de profiter de moments privilégiés avec lui...
Mais à l'instant c'est lui qui m'a résumé au mieux notre situation. Nous jouions ensemble pendant la sieste de Zébulon. Et là sans crier gard, il me sort avec son petit anglais parfait "Maman, you're my best friend!" Je fonds. Je lui réponds et toi tu es qui? Il réfléchit et me dis "Moi je suis ton super héros. Un super héros rigolo" Et il éclate de rire.
On s'enlace. On s'embrasse. On rigole. Et je me dis qu'il a raison. Il est notre super-héros qui nous rend si fier. Notre super-héros pour se sentir bien. Se sentir aimé. A nous de bien lui rendre....
Et toi, comment sont-ils devenus Grand Frère ou Grande Soeur chez vous?