Je disais dans mon 1er article que l'une des façons de retrouver une contenance et une vraie implication pour cette grossesse qui nous échappe parfois serait pour nous les Hommes d'être forts durant le Jour J, le D-Day, bref ! D'être le mec aux grosses épaules réconfortantes pendant que ta femme est en train de souffrir...
On était partis pour une journée ordinaire telles qu'on les connaissait depuis ces dernières semaines : ZAZ ferait des ballades pour se détendre car elle n'en pouvait plus de son gros ventre. Moi au boulot, sursautant à chacun de ses coups de fil... "Allo ? Ca va ? c'est pour maintenant, on va à l'hôpital ?...Ah... tu voulais juste que je passe acheter du PQ en rentrant du boulot..." J'étais au taquet !
Mais ce mardi, ZAZ n'étant pas trop dans son assiette, le gyneco nous dit de passer à l'hôpital faire un petit contrôle de routine. Erreur ! En 2 temps - 3 mouvements : perçage de la poche des eaux, contractions et ma p'tite ZAZ en tenue d'apparat pour son entrée en scène.
Et le rôle du Papa à ce moment-là ? Spectateur, distracteur, gai-luron, photographe, caméraman... j'aurais bien endossé tous les rôles qui me passaient sous la main, du moment que ça faisait passer la douleur à ZAZ. Se mettre sur un pied en chantant du Michel Sardou ? Pas de problème. Faire le moon-walk en récitant l'alphabet à l'envers ? Pourquoi pas ? Bon ben j'ai pas fait tout ça rassurez-vous...mais j'ai fait des belles photos ;)
Et les premières contractions sont arrivées. Ou comment imaginer une douleur que je ne connaitrai jamais...
J'ai mal ! Me disait-elle. Ne t'inquète pas, souffle... lui répondais-je, en me demandant si ce conseil était utile ou avait plutôt l'effet "pansement sur jambe de bois". (Pour info, on n'a pas fait de cours préparatoires qui, à la réflexion ont leur utilité à mes yeux). Après tout moi aussi j'avais déjà eu mal dans ma vie, mais s'imaginer ce qu'elle était en train de vivre était loin d'être simple. Alors j'ai décidé de lui épargner les :"t'as mal comment ?". Parcequ'à la regarder, elle m'aurait bien arraché un oeil, percé un sein et écrasé les doigts de pieds en me disant : "tu vois? c'est même pas un un 10ième de ce que je vis!!!!"
J'avoue avoir béni Mr Durale, l'inventeur de cette piqûre magique qui eut l'effet incroyable de calmer presque instantément les douleurs de ZAZ. Merci, merci, grâce à vous ma femme a retrouvé le sourire (et moi mes doigts...)
Puis vint le moment du travail, moment qui restera à part dans nos esprits tant le temps semble avoir été suspendu.
Des souffles, des cris, des soupirs... des souffles, des cris, des soupirs... de la sueur, des palpitations, puis de courts moments de repos. De plus en plus courts... et la sage-femme prépare les ustensiles... et tu sens que ta vie va chambouler dans quelques minutes... et tu ne sais plus si tu dois rester ou les laisser entre elles... C'est un truc de gonzesses après tout :)
Et c'est le fameux :"Poussez!!!" que je me suis imaginé des dizaines de fois. Vu des centaines de fois à la télé, j'étais paré !
Des moments d'efforts partagés, des regards complices, amoureux, malgré l'intensité de l'instant. Romantisme à souhait... Jusqu'à voir cette petite tête sortir de.... (fin du romantisme : je dirais que ma mémoire a remplacé ce moment très chirurgical, médical et - disons-le pour les futurs papas - pas très glamour par... ) et le doc nous présenta notre fils et me tendit les ciseaux.
Les ciseaux ? Je me suis toujours imaginé couper le cordon, c'était pour moi une évidence. A la réflexion, peut-être pas pour les bonnes raisons. Mes motivations étaient de pouvoir dire je l'ai fait :"la classe ! t'as coupé le cordon? Trop fort, et t'es même pas tombé dans les pommes?" - Vous voyez le genre ? Mais j'ai pris une claque, car c'est beaucoup plus que ça. C'est LA, exactement à ce moment, que je me suis pleinement approprié notre fils, de sa conception à sa naissance. Finis les souvenirs de frustration de ne pas sentir son évolution autant que ZAZ, finis les moments ou tu n'es que simple spectateur... tu es acteur ! Tu libères ton enfant, tu le rends indépendant, tu lui offres ton premier geste de père ! C'est simple, l'espace de quelques secondes, j'ai même cru que c'était moi qui venais d'accoucher...
Message pour les futurs pères : même si le sentiment d'être spectateur peut nous paraitre pesant durant ces 9 mois, tenez bon, car la puissance du moment souffle toutes les frustrations et nous rend notre place de père à part entière quand notre enfant a besoin de nous pour la première fois.
Et tu commences ta vie à trois... dans ton costume de Papa qui aujourd'hui peut te sembler trop petit ou trop grand mais pour lequel le meilleur des couturiers restera ton enfant...
Article rédigé par ZAM !
Retrouvez le récit de l'accouchement écrit par Mademoiselle Maman ... ICI !
Crédit Illustration : Mademoiselle Maman